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Moi des grands parents j’en ai pas eu.
J’en ai pas vraiment souffert non plus, puisque je ne connais pas ce lien filial.
Côté maternel, Agnes est morte avant que je naisse – donc abstraite, je sais juste que ma mère l’aime, donc coup je l’aime moi aussi. Je porte souvent la bague qui lui a appartenu que ma mère m’a donné le jour où je me suis mariée (something blue, something new, something …).
Du coup, depuis mon mariage Agnès a participé à tous les petits et grands instants de ma vie – m’a accompagné les derniers mois de ma grossesse, parce que c’est MA grand mère et puis aussi c’était la seule bague qui a résisté à la période que l’on va appeler la période rétention d’eau.
Leslie, son mari, le père de ma mère, j’ai dû le voir 3 fois dans ma vie. Ma mère ne nous emmenait pas souvent en Angleterre, sûrement parce que même elle se préférait apatride (NB : Penser à lui demander de confirmer).
Côté paternel, Andrée était d’après mon père une garce, qui l’a laissé dès son plus jeune âge chez ses grand parents – donc je l’ai vue 2 fois – une quand j’avais 2 ou 3 ans à Nice chez ma Auntie ; une autre toujours chez Auntie à 13 ans.
Je me souviens juste d’une petite femme, très sévère qui avait été choquée lorsque Oh grand Dieu, ma sœur avait voulu devenir chef à sa place en demandant juste de pouvoir dormir, et a donc exigé que la télé soit éteinte. Bref c’était une femme tyrannique. Il paraît que je lui ressemble, dès fois çà me rend fière, mais surtout çà me fait peur.
Maximilien, son ex-mari – et oui bien que l’histoire se déroule dans les années 40, et que dans les années 40 la seule forme de divorce possible était le divorce pour faute, la Andrée B. et Maximilien S. ont divorcé – je n’ai jamais réussi à avoir l’histoire au complet et je soupçonne Auntie de me cacher des trucs.
Bref Max, il est mort, exécuté par les Allemands qui ont pas dû apprécier qu’un fils d’Allemand naturalisé français en 1800je sais pas combien, soit dans la résistance, fasse des commandos pour faire dérailler les trains Allemands.
Mon père m’a montré son nom sur le monument aux morts de Rochefort, et Auntie m’a montré le rapport de police concernant sa torture et son exécution.
Bref pas cool, surtout parce que moi quand je pense à Max je le vois vieux, parce que même si je ne l’ai pas connu, pour moi les grands parents c’est vieux. Mais en fait Max il est mort à 27 ans – soit quand moi je commençais à peine à me connaître, à travailler, bref à devenir adulte. Pauvre Max.
En fait posé comme çà, c’est sûr j’ai des grands parents (d’ailleurs je ne serais là pas si …), ce que je veux dire c’est que l’image idéale des grands parents chez qui on va le dimanche, qui racontent la jeunesse des parents – celle que Papa et Maman auraient décidé d’éviter d’évoquer, genre qu’eux aussi ils ont été pénible à l’adolescence et qu’ils ne sont pas parfaits.
Des grand parents à qui on peut raconter des secrets, chez qui on mange de la confiture faite par Bonne Maman (je dis çà parce qu’au début ma mère voulait que James l’appelle Bonne Maman, elle trouve çà joli, mais çà c’était avant qu’elle réalise que c’était Granny le nom que j’avais choisi. Parce que moi, j’ai toujours rêvé d’avoir une Granny – et pas une Granny Smith, non une vraie de vraie).
Donc je disais, tout çà je ne l’ai pas connu, ou alors juste la confiture Bonne Maman – mais la trademarkée, la labélisée, celle du supermarché, qui me rappellera toujours avec nostalgie les petits déjeuners sur Air France – c’était bien Air France avant – quand j’étais petite et que je vivais ailleurs. A cet instant la confiture Bonne Maman c’était la France, mon autre patrie.
On ne peut regretter que les choses que l’on a connu.
OK – mais moi je rêve toujours de cette maison de famille, cet abri, cette patrie de la famille, où les grands parents sont là accueillants, enveloppants, toujours là pour vous.
Pour moi c’est un idéal, pour James c’est une réalité.
Je parle de çà parce qu’une de mes amies parlait hier de « Phases critiques », et hier justement j’ai vécu çà avec James.
J’ai vu l’instant où mon père est devenu Grand Père.
Le moment où il est entré dans la chambre de l’hôpital et qu’avant même de voir l’état réel de James, il s’est effondré dans mes bras , réalisant (enfin) que c’était aussi la chaire de sa chaire qui était là sous perfusion.
Un grand père inquiet quoi, dans sa banaité la plus touchante.
Cet instant je pourrais le raconter plus tard à James – le jour où son pépé est devenu Grand Père… 3 mois et demi après sa naissance.
Comme quoi il est jamais trop tard !
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Si je te dis que ça me fait pleurer tu dis quoi ?
Bon.
Un point commun en plus.
Sauf que ma grand mère faisait de la confiture mais c’est tout ce que je retiens d’elle.
Le 3è prénom de James c’est Maximilian, je crois vachement à ces histoires de descendances et de poids porté par les ascendants. Il ne faudra pas oublier de rompre un fil (un file) qui pourrait entraver James dans sa propre identité (je me mêle de ce qui ne me regarde pas je sais).
Je suis contente que tu écrives tout ça tous les jours.