Moi les listes c’est un peu mon métier, faire des listes de tâches, de trucs à faire, de clients à contacter, de sujets en cours, de marges à contrôler, de personnes à voir, de worklist …
En ce moment je dors peu. Du coup je fais des listes mentales des trucs insensés qui peuplent ma vie quotidienne, particulièrement depuis quelques temps.

Les signes, ces temps-ci, j’en suis envahie.

Il suffit que je pense à un truc pour que çà se réalise, comme une mise en âbime permanente de moi même, noyée dans le monde.
Alors cette nuit alors que je ne dormais pas, j’ai commencé une liste – que j’ai oublié à mon reveil.
Donc ce matin dans mon taxi – où pour une fois je ne vais pas parler – je reprends ma liste.

SIGNE # 1

Je me suis fait enlever le 31 Décembre 2008 un horrible grain de beauté que j’avais depuis peut-être 20 ans. Régulièrement je me disais : « Allez j’y vais » puis j’oubliais.
Et là au moment où Dr Julliard va scalpéliser ce bout de peau dont je ne veux plus, je lui demande quel genre de cicatrice j’aurais. Elle me répond « Rien de grave, comme un bouton de varicelle ».
Depuis ce rendez-vous, je me suis posée plus de 1000 fois la question : à quoi pouvait bien ressembler un bouton de varicelle.
Comme quoi j’aurais mieux fait de me taire !

SIGNE # 2

La cuisine et moi çà fait 2, comme les enfants d’ailleurs – enfin avant l’arrivée de James.
Bref.
Il y a des années j’avais dit à Laurent alors qu’il m’interpellait sur le fait que je ne fais jamais rien à manger, que je referrais un gratin – ma seule spécialité salée que je réussis à merveille, qui mérite un post à lui tout seul, pour lui annoncer que j’étais enceinte (à l’époque étant No Kids je ne prends donc pas trop de risque).
Dans le fond j’aurais mieux fait de me taire, parce que je les ai regrettés mes gratins dauphinois – cela n’enlève en rien la qualité des repas préparés par Laurent, mais juste que ses gratins sont nettement moins bons que les miens – il le reconnait lui même.

Donc il y a 1 an soit le 21 janvier 2008, lorsque j’apprends que je ne suis plus No Kids et donc que Laurent va être Papa, ma mère rappelle à mon souvenir l’histoire du gratin (heureusement dans l’émotion j’aurais totalement zappé). Moi un peu par flème et surtout parce que cuisiner – OK va pour une fois, mais aller faire les courses – là c’est un NON catégorique.
J’improvise donc dans le plat de gratin vide, un gratin conceptuel – un morceau de papier où j’ai noté « CECI EST UN GRATIN ».
Quand Laurent voit mon oeuvre il comprend tout de suite, c’est émouvant blabla blabla.

Un an plus tard le 21 janvier 1009; James, Laurent et moi sommes aux urgences pour cette maudite varicelle.
L’infirmière veut me faire une prise de sang pour savoir si je suis immunisée. Je m’évanouis – comme à chaque prise de sang que l’on m’inflige. Du coup ils ont pitié de moi et j’ai le droit exceptionnellement à ce qu’ils appellent un repas – parce que sinon tu peux avoir un gamin agonissant, être fatigué, stressé etc – l’hôpital n’est ni un hôtel, ni un restaurant – tu ne mangeras point, tu ne dormiras point – première leçon importante à destination des parents.
Bref.
Ils me donnent un plateau, et là je mange. Après quelques bouchées je réalise que là devant moi je suis en train de manger mon fameux gratin – celui que j’avais pas fait 365 jours avant !

SIGNE # 3

Nous sommes toujours à l’hôpital, la télé est allumée depuis  2 jours non-stop. Je ne la regarde pas vraiment – elle est là en amie, pour avoir autre chose à entendre que les BIP BIP insupportablement flippants.
Mon père passe nous voir, je ne sais pas vraiment pourquoi je change de chaîne, parce qu’on la regarde toujours pas cette télé. Par hasard je m’arrête sur la 5 – c’est l’heure d’Allo Docteur – et là le sujet c’est quoi?
La VARICELLE – No Comment – ou plutôt dois-je comprendre que moi aussi je vais la faire?

SIGNE # 4

J’écris un papier à propos des grands parents. Je finis mon texte avec une image forte, un peu mélo sur la perfusion dans le bras de James.
Bref.
J’aurais mieux fait de me taire parce que 2 jours plus tard à notre retour à la maison, je m’aperçois horrifiée qu’elle – cette horrible infirmière qui n’a pas arrêté de me gonfler avec des conseils débiles sur la façon d’élever un enfant – donc cette conne – excusez moi mais il n’y a pas d’autre mot – a oublié de retirer à James sa perfusion!

SIGNE # 5

En ce moment j’écris beaucoup. Dans les taxis, à l’hôpital, à la maison, partout.
Ma copine Vivi dont je vous ai déjà parlé est écrivain.
Je lui lance un défi écriture. Se raconter en 1 fois, pour faciliter la compréhension de nos sous-entendus et surtout parce qu’elle et moi aimons bien les challenges.
Bref.
On aurait mieux fait de se taire – parce que pour un truc comme çà il faut que 2 energies s’y mettent – sinon c’est pas possible.
Nous écrivons toutes les 2, dans notre texte qui restera secret pour le reste, on fait référence à la tempête 99. C’est un événement marquant dans nos deux histoires, un moment où tout bascule, un « turning point ».
Le lendemain en allumant France Info je n’entends parler que de la tempête de la veille dont la violence n’est comparable qu’à celle de 99 !

SIGNE # 6 (et j’arrête parce que sinon le post va devenir lourdingue)
Note pour Vivi et si c’était LOURDINGUE le mot qu’on cherche?

Mon blog évolue et il parraît que c’est bien.
Le 21 Janvier j’écris sur les changements qui s’opèrent en moi et I WANT « Du Neuf« .

Depuis le début du mois avec tous ses signes je médite beaucoup sur leur signification.
Et retrospectivement je me pose des questions sur le NEUF que j’ai demandé.
Et soudain je réalise que c’est le 9 – l’année 9.
Tout prend son sens.
Cette année va définitivement être celle du NEUF, du changement.
Dans ma vie, ma famille, mon lien aux autres.